Vous vous souvenez de la charmante Famille Pirate ? Ils sont revenus sains et saufs de leur escapade en voilier au cœur des Caraïbes durant 7 mois l’an dernier avec leurs 3 moussaillons. Nous les avions rejoint en Martinique le temps de se faire raconter quelques bonnes histoires de piraterie.
Cette année, nous les rejoignons dans leur chaumière de brousse. Au fin fond de la région du Sine Saloum au Sénégal, se trouve le Delta de Niominka. C’est là.
Bienvenue au bout de l’Afrique de l’ouest !
Je les aperçois sur la plage à nous envoyer la main. Depuis la pirogue qui nous amène, je n’ai pas pu m’empêcher de balancer:

-Mais qu’est ce vous faites ici ?
Depuis l’Amérique, c’est tout un périple! (3 vols, taxi-brousse, pirogue)
Toute la bande éclate de rire : Nico, Véro, Marie-Anna 7 ans, Stan 5 ans et Jean-Félix 1an et demi. Nous sommes accueillis à bras ouverts sur le sable à quelques pas de leur charmante demeure. Les piroguiers portent nos bagages chez les voisins de la famille, où nous louons deux chambres (et oui, à 5, c’est notre réalité!).Dormir chez l’habitant nous enchante.

C’est Papa Pirate qui bosse sur des projets internationaux. Il est venu appuyer la construction d’usines de transformation de coquillages.
En bref, les femmes du village travaillent fort pour récolter les précieuses coquilles et les revendent pour la consommation. Avec un tel projet, leur travail devient officiel et ouvre un marché notamment celui de la vente pour les chics restos de Dakar. C’est donc un accès financier enviable sur cette île, où le moyen par excellence pour se déplacer se révèle la charrette et l’âne.
La routine de brousse
Dès le lever, on déguste une tartine de pain de la boulangerie du village. À son arrivée, Aïcha, une aide précieuse, se voit confier bébé Jean-Félix. C’est elle qui a la responsabilité de la maison. Derrière elle, se dandine sa jolie Léontine, 1 an et demi et qui ne s’en laisse pas imposer.
Pendant notre séjour, Roki devient avec joie la nounou de bébé Laëtie qui raffole se laisser porter au dos. « Olikiné » est le nom qu’elle donne à sa protégée. Elle chante des berceuses en langue sérère et la petite gazouille plus que jamais. Je taquine Roki en lui disant que son « bébé blanc » parle déjà sa langue…elle est ravie!

Véro doit enseigner aux deux grands afin qu’ils soient bien à jour au niveau académique. Ce matin, les filles participent avec leurs journaux de voyage. On note les noms des animaux vus la veille lors d’une sortie en safari.Ella doit se concentrer et écrire des phrases pour résumer ses journées; c’est un devoir que sa professeure lui a demandé de faire…ce ne se révèlera pas facile! Se concentrer au lieu d’aller jouer est plus facile à dire qu’à faire…

Le soir venu, ils dorment tous sous le filet afin de bien se protéger contre les moustiques porteurs de la malaria (l’anophèle). Actuellement, c’est la saison sèche, ce qui veut dire que les moustiques sont peu présents. Puis, en soirée nous veillons à l’intérieur, éclairés à la chandelle, si l’électricité fait défaut. En évitant de sortir à l’extérieur, les risques de piqûres sont diminuées de beaucoup et la malaria du même coup.
De quoi est meublée une journée sur une île de brousse?
De tout.
Sauf (bien souvent) de ce qui est au programme !
L’électricité limitée à quelques heures par jour fait défaut actuellement. Pas d’électricité, pas d’eau courante. Il faut puiser l’eau ! Rustique. Véro me lance : « Tu pourras écrire ça dans ton blogue! ». Il faut aussi planifier les sorties au village en réservant le charretier.
Sans compter, les périodes de palabres (la jasette!). Il faut entretenir les liens et en créer.
La Famille Pirate a 6 maisonnettes voisines. Il s’agit pour la plupart d’expatriés qui vivent ici une partie de l’année. Je me demande toujours comment ils ont découvert ce bout de pays éloigné?
Ce sont des passionnés de pêche qui regarde la mer depuis leur terrasse, entre deux séances de prises. Chéri est ravi de partir pêcher accompagné de Papa Pirate (j’ai peur de l’eau pour ma part!).

Tous les matins, notre bande d’enfants troque des trésors (colliers de coquillage, roches coloriées) contre…des bonbons (dont les fameuses Carambar)! Une gentille voisine française garde précieusement à la maison des sucreries qu’elle offre aux enfants en échange de la trouvaille du jour. Je crois que la moitié de la journée de nos mousses est passée à planifier l’échange du matin. Il faut les retenir car ils se lèveraient aux aurores pour cogner à sa porte.
Ici, les enfants se promènent librement et toute la communauté jette un oeil.

C’est la vie rurale.
Dans le coin, un charmant lodge offre un répit aux quelques touristes aventuriers. La piscine infinie qui s’y trouve est fort invitante et nos escapades sur le site, tolérées. Nous en profitons allègrement.
Le contraste apparaît surréel: d’un côté un écrin de luxe et de l’autre, la simplicité de la brousse, les ânes et les moyens plus limités. Il s’agit d’un site hôtelier à couper le souffle qui malheureusement éprouve des difficultés et fermera ses portes sous peu. Quel dommage pour les insulaires qui y trouvaient une source de revenus considérable.


On mange quoi ?
Il faut penser à nourrir la bande! Avec l’ajout de la Famille Globe-trotteuse, nous sommes 12!
Chaque jour, différents marchands (fruits & légumes, karité, poisson, etc.) viennent offrir leur marchandise du jour. Tout ce qui ne se récolte pas ici se vend plus cher que sur le continent. Un soir arrive cette jolie dame avec son garçon. Enceinte de 7 mois, elle continue fièrement à vendre ses victuailles.

La mer fait preuve de générosité. Les crevettes sont gigantesques, le poisson est abondant. Aïcha et Véro planifient les repas selon les arrivages ou selon…le manque d’électricité (il faut cuire pour ne pas perdre!).

Succès assuré en cuisine si on retrouve le fameux poulet yassa (recette ici) et la salade de fruits de Aïcha. Délicieux. Le riz aux coquillages est pas mal, malgré la couleur noiraude du plat.

Ibou le boutiquier offre des vivres de base et quelques accessoires que les enfants négocient avec joie. Les filles arrêtent leur choix sur des porte-monnaies aux tissus colorés pour offrir aux copines. Arrivent à finaliser la transaction à 600 francs CFA (1.50$cdn).
La vie sur l’île se déroule au rythme des marées…un sentiment d’apaisement s’empare du visiteur, qui ne se sent pas étranger très longtemps! En deux jours, vous avez croisé tout le monde ou presque :).
L’accueil est absolument chaleureux, Boucar avait raison!
Quel privilège d’avoir pu découvrir ce coin extraordinaire du Sénégal!
Merci à nos précieux amis.
bisous
La Famille Globe-trotteuse
