Courir autour du monde ou comment se « footre » de tout le monde!
*Pour le bénéfice des auditeurs de Rythme FM 97,1 Outaouais, je partage l’extrait audio de ma chronique traitant de mon expérience de joggeuse à travers le monde: Courir autour du monde (3 minutes) je suis en ondes avec Frédéric Bisson et Geneviève Gagné.
Depuis vingt ans maintenant, j’adore me footre de tout le monde.
Que ce soit ici, dans mon patelin québécois, sous la neige ou la pluie, dans le désert ou sur une route de terre.
Je maintiens la foulée.
Lors de mon dernier footing (jogger version cousins français) avec bébé et sa poussette, je me faisais la réflexion qu’il s’agit là, d’un excellent conseil de voyage à partager.
Ne quittez jamais le pays sans vos souliers de course. Et utilisez-les.
Courir est un excellent moyen de découvrir le monde. La vision des quartiers, de ses habitants et de ce qui se dégage est formidable et irremplaçable.
J’ai débuté il y a longtemps, parce que mes moyens modestes d’étudiante ne me permettaient pas de me payer un abonnement au gym. Je ne le savais pas, mais je venais de me faire un cadeau pour le reste de mes jours.
Mes souliers de course ont fait le tour de la planète.
Certaines de ces tournées furent mémorables…
En 2000, au fin fond du Kenya, sur les bords du Lac Turkana où nous campions, il y avait une plage magnifique sur des kilomètres. Après toutes ces heures de transport à observer en silence les Big Five (rhinocéros, léopard, éléphant, lion, buffle), l’idée de galoper au grand air m’apparaissait futée.
À la tombée du jour, je détalais lorsque tout d’un coup, un essaim (et tout un !) de milliers de moustiques me pourchassait. J’en avais partout dans la bouche, les cheveux, etc.
Ahhhh…Rien pour me couvrir et j’étais à bonne distance du bivouac.
Horrible sensation de se faire bouffer par cet escadron à ailes. Mes collègues aventuriers se moqueront de moi longtemps…
Dans le nord de la Colombie-Britannique (province canadienne), dans la vallée de Bella Coola, entourée des Rocheuses, je devais jogger (sur la seule route principale goudronnée) avec une bouteille de poivre de cayenne.
Le pays des grizzlis rappelle que vous êtes en pleine forêt. En l’espace de deux semaines, j’en ai croisé une douzaine. Aucun d’eux de trop près en joggant (mais, vu de loin…fiou). Soupir de soulagement.
Mon conseil : portez fièrement la clochette aux poignets; un truc accueilli avec politesse chez les ours qui vous laisseront le passage libre…
Lors d’une mission mexicaine, je résidais dans un village aux pieds du volcan Popocatepetl.
Pressée de profiter de ce paysage singulier, j’enjambais le chemin de terre, fière d’aller courir dans les champs de maïs. Un effet « Wow » certainement.
Jusqu’à ce qu’un truc gluant me colle au mollet. Une truffe moite et morveuse. Je n’ai rien vu venir, les écouteurs vissés aux oreilles.
Une bande de chiens sauvages s’amusaient à me sauter dessus. Jamais eu aussi peur de ma vie ! Est-ce que je suis vaccinée contre la rage, moi ? Noooon.
Ce jour-là, je suis devenue marathonienne. Bas les pattes les cabots !
Quelques jours plus tard, je me retrouve à Ciudad Juarez (5 heures de vol au nord de Mexico aux frontières du Texas). Élue ville la plus violente au monde, Ciudad Juarez est un des endroits les plus étranges que j’ai vu.
D’un côté la luxure, le côté « Florida » et de l’autre côté, un immense bidonville où vivent les ouvriers des manufactures.
Le premier matin de mon arrivée, me voilà à courir sur les trottoirs de cette citée. L’après-midi, je rencontre un groupe de femmes qui dénonce le féminicide qui a lieu depuis quelques années. Ouf.
Je me promenais seule, alors qu’elles ne s’en permettraient pas autant à titre de locales ! Lorsque j’y repense je me demande où j’avais la tête ? Ma vision du monde était (trop) teintée de mon propre mode de vie.
Je suis bénie qu’il ne me soit rien arrivée.
Lors d’une expatriation au Niger, ce pays africain désertique, il est devenu essentiel pour moi de bouger. Impossible de courir dans la rue. Pays très musulman et sablonneux. Sans compter que de faire cuire un œuf au soleil est possible.
Je me réveillais vers 5 :00 pour m’exercer…dans ma cour ! Je baissais la tête sous les manguiers, enjambais les bananiers, faisait fuir les insectes qui profitaient de la nuit pour s’inviter.
Ma voisine Michèle m’a convaincu d’aller courir à l’anneau du stade extérieur de Niamey, avec elle. Ce fût un des grands bonheurs de ce séjour : j’y rencontrais les copines Caroline et Anne-Laure qui vivaient avec leurs familles respectives et me suis crée un réseau essentiel.
Aux Bahamas, je coursais dans la rue et sur la plage, où dans un élan romanesque, je terminais la balade les pieds dans la mer (sans les souliers, oui).
Un matin, presqu’arrivée devant l’endroit où nous logeons, deux dames me crient un truc depuis le balcon de leur condo de luxe. Je les regarde. Elles me pointent la mer à mes pieds.
L’aileron du requin est bien là qui fend l’eau. Ahhhhh!
Pareil comme dans les meilleurs films de Jaws : je sors en courant (je n’ai que 2 mètres à faire, mais tellement stressée que je trébuche…).
Sous le choc (et fière finalement d’en avoir vu- car Chéri avait plongé avec eux) je discute avec mes deux sauveuses pour réaliser que ce sont deux Québécoises, dont une élue que je reconnais.
Dis donc.
L’été dernier en Provence, je déambulais au pas de course dans ma rue. J’ai ainsi découvert un petit marché que je n’avais jamais vu autrement.
Vers 9 :00, je passe devant un petit bar de quartier qui ne paie pas de mine. Une dame me lève son verre et s’écrie de sa voix enrouée : « Alors là, quel courage ! » et elle éclate d’un rire gras.
J’étais l’anecdote comique de sa journée. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’était plutôt le contraire; il faut de la témérité pour ingurgiter du houblon pour le p’tit déj…
Et vous, vous aimez aussi vous footre de tout le monde ?
Signé,
Maman Globe-trotteuse
PS-article en rediffusion
Courageuse! Une autre façon de voir le monde, en courant… Cela donne un autre point de vue, tes chaussures auraient des choses à nous dire sur les différents pays et trottoirs, plages et bas-côtés!
Merci Sandrine…c’est parfois risqué (hi hi) mais ça défoule…:)
En Provence, à cause du soleil, la journée commence tôt, puis on doit bien s’hydrater. De toute manière c’est un des endroits où il y le moins de maladies du coeur…. (rires).
Ah oui l’hydratation ah ah ! Je ne doute point que c’est pour cette raison qu’on boit du houblon si tôt…J’aurais opté pour le charme des terrasses, mais bon ! xx
A la lecture de ton billet, je pense que courir est l’occasion d’avoir des choses à raconter en rentrant, mais je ne suis pas sûre d’avoir envie d’essayer. Je marche, je me perds et c’est déjà suffisant côté émotion. Je suis loin d’être une aventurière.
Ah oui, Tiphanya, tu as bien raison : marcher c’est aussi une excellente façon de s’imprégner de la vie dans l’endroit que l’on visite ! Je le fais très souvent dans différents quartiers (même près de chez moi) et c’est toujours l’occasion de tomber sur un nouveau café, etc. Merci de t’être aventurée sur ce blogue 😉
Hello,
J’ai beaucoup ri en lisant ton article ! Je pense que lorsque tu es à pied – marche ou course – tu vois bien plus de choses et sous un angle différent que si tu étais en véhicule motorisé.
Merci Nath de ta visite par ici…oui en effet, quelle façon géniale de s’initier à un nouvel endroit! Au plaisir xxx
Perso, j’adore courir un peu partout dans le monde! ça permet de gagner un minimum un bon physique car lorsque l’on est à l’étranger on a tendance a manger n’importe quoi et n’importe quel moment donc ça dérègle notre système! La course a pied a du bon!
Ah ah oui! Trop vrai Stefan! Merci pour votre commentaire…et bonne course!