Le monde est petit: un Masaï me l’a appris

images (1)Réserve animalière du Masaï Mara, Kenya, Afrique de l’est

 

Le monde est petit.

Je crois que le voyage développe ce sentiment que la terre est bien ronde et qu’il est envisageable d’en faire le tour.

Il y a deux personnalités qui évoquent cette familiarité planétaire pour moi: la première est certainement Céline. Notre Céliiine nationale.

PARTOUT où je suis allée, elle me précède.

On m’interroge sur sa vie, comme si j’étais sa petite sœur. Dans les ruelles de Bamako, de Cotonou ou de Bali, c’est Céééliiine all the way.

Je me souviens d’un fou rire incontrôlable avec Chéri dans un taxi de Bali où on se tape le répertoire FRANCOPHONE au complet de la diva (alors qu’on rêvait de vivre la culture locale). Le chauffeur qui sifflote la ritournelle. Chéri y va d’un ironique : « Payez si cher pour se faire dépayser ! ».  Je n’ai jamais acheté un album de Céline (devinez où va mon argent ?) mais je connais son répertoire par cœur. Elle fait partie de chacun des Québécois qui s’éloignent un brin de la maison.

Avec ou sans leur consentement.

Une surprise inattendue…

La deuxième histoire qui concerne une personnalité s’est déroulée lors d’un de mes plus beaux voyages; un authentique safari au Kenya.

Je n’avais d’yeux que pour la savane et j’enviais la témérité de Karen Blixen, la vedette de Souvenirs d’Afrique.

Chaque nuit, notre campement était gardé par les Masaïs afin que ne s’aventure pas de trop près les vedettes du règne animal.

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Au fil des jours, il est aisé de fraterniser avec les gardiens qui adorent raconter leurs histoires de brousse (« J’ai attrapé un lion gros comme ça ! jurent-ils TOUS ») aux voyageurs en manque d’exotisme.

J’étais particulièrement proche de James (le nom qu’il se donne à titre de guide) qui s’étonne que je monte avec lui devant la camionnette, au lieu de demeurer sagement derrière avec les autres voyageurs.

Le soir, au coin de l’éternel feu de camp qui sert davantage à effrayer les prédateurs qu’à faire cuire des guimauves (vous vous en doutiez), James est fier comme toujours, enroulé dans sa traditionnelle couverture rouge de laine qui caractérise les Masaï.

Réservé, je sens qu’il veut m’adresser une question : (je traduis, il s’exprime en swahili et en anglais).

-Tu viens du Québec ?

-Oui.

-Connais-tu Kevin ?

Ah, le classique ! On vient du même pays que quelqu’un qu’ils connaissent et les locaux s’imaginent qu’on est 43 au Québec et qu’on est tous voisins.

Il renchérit.

-Tu ne connais pas Kevin ? avec des yeux écarquillés et un air étonné.

-C’est quand même pas mal grand chez moi mon James. Pas sûr pour ton mec…

Et d’un ton solonnel, il prend une posture droite et entonne doucement…

« Seigneur, Seigneur, qu’est-cé qu’tu veux j’te dise…

Ya plus rien à faire, j’suis viré à l’envers…

J’aimerais m’enfuir, mais ma jambe  est prise »

imagesMa compagne voyageuse  et moi, on se regarde.

Figées.

Le souffle coupé.

Les larmes aux yeux.

James entonne le succès notoire « Seigneur » du chanteur Kevin Parent, alors au sommet des palmarès.

Pincez-moi quelqu’un.

Je suis dans la brousse, habillée en pantalon cargo et loin de sentir les roses, assise en tailleur au fond d’une réserve animalière et  le gars habillé en couverte devant moi qui vit en nomade et ne boit que du sang, me chante « Seigneur ».

Treize ans plus tard, je n’en suis pas encore revenue.

Il me demande alors de saluer Kevin de la part du Masaï James.

C’est fait.

Le monde est petit.

Un Masaï me l’a appris.

 

Signé,

Maman Globe-trotteuse

Ps-Pour les curieux, il semble que Kevin Parent avait alors participé à une populaire émission de télévision dont le tournage se déroulait au même endroit. Il avait fait la connaissance de James, le Masaï. La rumeur veut que le chanteur avait tellement apprécié le contact avec les kenyans (c’était réciproque) qu’il avait prolongé son séjour et offert à James un lecteur Cd et son dernier disque pour le remercier. James a appris au son la parlure québécoise version Kevin Parent. Impressionnant.
Non, aucun Masaï n’a entonné du Céline pour votre curiosité.

Faites-vous plaisir ! réécoutez Kevin…

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