Mon bébé est une personne
Je l’ai en travers de la gorge.
Je n’arrive pas à écrire deux lignes sur mon voyage en Colombie.
On dirait que tant que je ne partage pas ce qui m’est resté sur le coeur, je n’arrive pas à passer du côté agréable de ce périple.
Faut dire que c’est arrivé sans crier gare.
Maman de trois enfants, je les trimballe un peu partout sur la planète; je peux presque dire que j’en ai vécu pas mal.
Mais cette fois, je ne l’ai pas vu venir.
Tout le monde m’avait avisé: « Un troisième ça s’élève tout seul! ». Je m’incline, c’est vrai. On m’avait aussi dit: « On est tellement plus relax comme parent au troisième ». Vrai. Tellement. Je dis souvent qu’au premier tu as mal avec lui lorsqu’il se fait mal, au deuxième tu fais mine de t’intéresser au « gros bobo », au troisième, tu as une seule question: « Ça saigne ou non? ».
Bref, j’étais donc dans un mood super cool en équation couple+bébé=facile!
Moi et ma désinvolture on se promenait en pamoison sur Ayos street dans le centre de Cartagena de Indias, une ville au nord de la Colombie. Les maisons rustiques et colorées, les boutiques huppées, les touristes souriants; on savoure les 30 degrés de cette soirée de février.
La faim nous tenaille. Je choisis minutieusement un restaurant branché, à l’allure confortable. Chéri est heureux de s’imaginer la razzia de sushis à venir. Laëtie a 22 mois et adore le poisson autant que sa maman.
Nous entrons dans cet écrin frais. Depuis la rue, je voyais des tables libres. J’ai également remarqué une famille attablée. Tout est perfecto.
Désolé, de vous sortir de ma prose, mais bébé Laëtie réclame d’urgence une table à langer (Évidemment, elle ne dit pas encore mot pour mot « table à langer », elle répète plutôt un mot vulgaire, on a compris…). On entre et je m’adresse à l’employée pour obtenir une table pour nous trois et je file à la toilette avec bébé. Pendant que je maudis ce minuscule espace de ne pas contenir de table à langer ou un comptoir ou au moins un sol propre, la serveuse en profite pour assigner une table deux places à Chéri.
Nous sommes pourtant trois personnes.
Mon défi réussi, je m’extirpe de la petite pièce avec Miss.
Je fais la moue en voyant Chéri: « Pourquoi, es-tu au fond du resto? Il y a de la place devant? ».
– Elle ne veut pas, répond il.
Je retourne voir la senorita et lui demande une table libre à l’avant, car ici vraisemblablement il n’y a pas TROIS places.
Elle maintient sa position et refuse. Le resto est à moitié vide. C’est quoi le problème?
En désespoir de cause, je lui demande de m’amener au moins une troisième chaise pour la petite. Je vais même jusqu’à justifier que Laëtie mange comme un ogre et prendra son propre repas, au cas où elle ne voit pas la bonne affaire.
Non seulement, elle refuse, mais elle ose suggérer de mettre l’enfant dans sa poussette.
Rien à faire.
-Pardon? Je l’enligne sévèrement. Ma fille a le droit de manger son repas assise à une table, et ce, au resto.
OUI.
Bien sûr. C’est assez.
J’ai mangé tous les amuses-gueules devant moi. Me suis levée. Et lui ai dit.
–Mi bebe es una persona. (Mon bébé est une personne)
Et on est sortis dignement.
La morale de cette histoire: le bébé est une personne à part entière
Je ne l’avais pas vu venir.
Je n’ai pas croisé si souvent ce type de comportement. Triste de vous dire que c’est arrivé en Colombie dans un mignon restaurant que je ne recommanderais jamais. Je me demande bien ce que les Colombiens pensent de cela?
Ça existe partout une telle façon de penser, de tels comportements laissant suggérer que le bébé est dérangeant, pas assez payant, pas important, etc. C’est sans doute ce qui a amené cette jeune femme à traiter de la sorte sa petite cliente.
Imaginez la même scène, mais avec une personne adulte.
Impensable.
Une heure plus tard, je repassais devant la devanture de ce restaurant, toujours la moitié des places libres, malgré la belle soirée.
Tiens donc.
Signé,
Maman Globe-trotteuse
ps-Oui, je vous raconterais d’autres histoires colombiennes sous peu.
ps-Vous auriez fait quoi vous? Partagez ce texte si vous aussi vous avez le goût de crier « Gare à vous » à quiconque ne respecte pas votre bébé (boutons ci-dessous).

Je serais partie également. Un resto qui n’accepte pas mon enfant ne mérite pas mon argent.
Mais c’est fou, non Marie-Noëlle? Comme si la dame ne réalisait pas que ce bébé mange et paye 😉
Et moi qui croyais que les latinos avaient plus de considération pour les niños! Je suis franchement déçue. Mais en même temps, c’est un problème généralisé partout selon moi. Quand on ne nous le dis pas clairement on nous le fait sentir quand nos enfants agissent comme des enfants… C’est d’ailleurs ce qui m’a inspirée; http://www.leszenfantillages.com (désolée, shameless plug mais c’est tellement à propos!)
Sabrina, je crois que tu as mis le doigt sur mon bobo: j’avais un préjugé favorable pour la culture latine qui semble tant aimer les bébés…Et bravo! pour avoir créer le superbe café Les Zenfantillages (à Bromont au Québec). Tu nous reçois en rois! Bien hâte de m’y arrêter d’ailleurs…Et continue à le « ploguer » faut qu’on en parle de cet endroit où les familles sont accueillies à bras ouverts!
Bonjour,
Quelle attitude déplorable de la part de la serveuse. Je serais aussi partie ! Mais malheureusement j’ai déjà vu ce genre de comportement au restaurant. Là, on avait carrément refusé une famille « à cause de la poussette qui prend trop de place ». Mais je te rassure, nous aussi (4 adultes), on avait eu droit à notre engueulade (y’a pas d’autre mot) au moment du service, parce qu’on riait… t’imagines un peu le crime !?
Après, faut pas s’étonner si le resto fait pas son beurre… qui aurait envie d’y manger dans une telle ambiance ?
Merci Charlotte, oui, la fameuse poussette qui fait si peur…ah oui, tu parles si ces resto sne survivent pas, ils n’ont qu’eux À blâmer!
Vous avez bien fait de quitter le restaurant. Et puis quel service auriez-vous eu si vous étiez restés malgré tout ?
Lors d’un vol transatlantique, une passagère m’a dit que je n’avais pas «d’affaire» à voyager avec mon enfant (qui avait 3 ans). Je lui ai répondu que fiston avait payé son billet d’avion au même prix qu’elle, il avait donc droit aux mêmes considérations qu’un autre passager. De plus, il n’était pas à son premier voyage et avait l’habitude des longs vols. Pathétique….
Karol, Oh là…quel commentaire désobligeant de la part de cette voyageuse…Pathétique est bien le mot. Merci de ton commentaire.
Je serai également partie! je l’ai déjà fait d’ailleurs sur l’île de Ré, on arrive avec la poussette, le gars me dit « il n’y a pas de place en terrasse pour la poussette » Très bien, au revoir alors!
Nous emmenons notre fils partout, si le resto n’a pas de chaise haute (bien souvent) on apporte notre chaise nomade et on demande une chaise en plus et de la place à table!
Tiphaine Pennarun, incroyable que le gars ne voit pas l’argent au lieu du problème!C’est ce bout que je ne saisis pas…ce doit être des employés et non le proprio qui veut faire marcher son business…Merci À toi de prendre la peine de partager.
Ah que c’est enrageant ce genre de comportement qui sous-entend que le bébé ne sera qu’un boulet dérangeant, bruyant et peut-être même puant (haha!).
C’est pas parce qu’ils font le quart de la grandeur d’une personne adulte qu’ils sont des quarts d’humains et qu’ils ont droit au quart des considérations…
Je m’emporte.
😉 Tu as bien fait!
Bianca, oui c’est le mot: ça m’a dérangé ce mépris. Et je me suis emportée à ma façon: par les mots ici sur ce blogue, mais aussi sur une plateforme populaire où on peut donner notre avis sur les restos. Merci Bianca.
Je me rappelle avoir été accueillie (dans une brasserie renommée de Lyon) par un « ça, là! (la poussette et ma fille de 14 mois dedans), ça va pas être possible! »
Mon mari avait réservé depuis longtemps (pour mon anniversaire) et les filles étaient affamées alors je me suis retenue de partir sur le champ et de dire le fond de ma pensée au serveur.
Mais je ne retournerai JAMAIS dans ce restau, et je leur fais une très mauvaise presse depuis.
Ma fille n’est pas un objet.
Merci pour ce partage Mme LTLP…ça me désole de lire que ce serveur ai pu vous accueillir de la sorte. Comme se fait-il qu’il ne fliare pas la bonne affaire, les familles qui ont un bon service retournent sur place…Bref, au moins on note, merci.